⚖️ Grève dans la Justice : Le Ministre brandit la réquisition, le SYTJUST dénonce un abus

 

Par Alioune Dieng – Journaliste, Pikine

Alors que les tribunaux sénégalais sont paralysés par une grève des travailleurs de la justice,
une circulaire du ministre de la Justice datée du 18 juillet 2025 ravive le débat sur les réquisitions administratives.
En appelant les chefs de juridiction à solliciter les autorités administratives pour maintenir le fonctionnement des services,
Ousmane Diagne déclenche une vive controverse.

Du côté du SYTJUST, la réponse ne s’est pas fait attendre.
Son secrétaire général, Me Ayé Boun Malick Diop, dénonce ce qu’il qualifie d’abus de pouvoir
et d’atteinte à une liberté fondamentale : le droit de grève
.

🧭 Une démarche journalistique ancrée dans la déontologie

Face à une telle tension entre institutions, syndicats et usagers de la justice,
l’éthique journalistique nous oblige à dépasser la simple transmission des faits pour expliquer, contextualiser,
et alerter avec rigueur et responsabilité
. Notre mission : informer avec justesse, sans parti pris, mais avec exigence.

Le journaliste est au service du droit à l’information du citoyen, et non d’une institution ou d’un pouvoir.
Il se doit de distinguer les faits des opinions, de vérifier les sources, et de respecter les droits fondamentaux.

⚖️ Le droit contre la pression

D’un côté, le ministère avance l’exigence de continuité du service public. De l’autre,
les textes juridiques invoqués par le syndicat sont clairs :
la réquisition ne peut se faire que dans des cas exceptionnels, encadrés par des lois précises
sur l’état d’urgence ou la mobilisation nationale.

Toute autre forme de réquisition, sans base légale, pourrait être interprétée comme une forme d’intimidation déguisée — une dérive grave dans un État de droit.

📚 Ce que disent les textes

  • Loi 61-33 (art. 7) : permet la réquisition dans des fonctions « indispensables », mais sans procédure claire ; nécessite un décret pour la liste des postes.
  • Décret 72-17 : définit les fonctions réquisitionnables, sans inclure explicitement les travailleurs de la justice.
  • Loi 69-29 : conditionne la réquisition à une déclaration d’état d’urgence ou de siège (art. 9).
  • Loi 69-30 : encadre strictement le droit de réquisition ; prévoit la suspension du droit de grève uniquement en cas de réquisition légale.
  • Loi 70-23 : confère le pouvoir de réquisition au Président de la République dans les cas de mobilisation générale ou de mise en garde.
  • Décret 69-667 modifié : autorise délégation aux préfets uniquement via décret d’exception en vigueur.

🕊️ Respecter les droits pour restaurer la confiance

En démocratie, le respect du droit ne peut être conditionnel.
Et la mission d’informer, surtout en période de tension sociale, appelle à l’indépendance, à la clarté et à l’équilibre.
Donner la parole aux parties concernées, vérifier les bases légales, rappeler les principes :
tel est le rôle du journaliste, garant d’un espace public éclairé.

Car l’information n’est pas une arme : c’est un outil de médiation, un pont entre le peuple et les institutions, une lumière dans la confusion.

Ce conflit n’oppose pas seulement un ministère à un syndicat. Il révèle une tension profonde entre autorité et légalité,
entre gestion administrative et respect des droits. Et ce sont les justiciables, chaque jour plus nombreux à être renvoyés,
qui en paient le prix.

À cette heure avancée, plus qu’un bras de fer, c’est une question d’éthique républicaine. Et le devoir du journaliste est de la poser — clairement, loyalement, juridiquement.

 

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