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Dakar, 26 mai 2025 – En l’espace de quelques mois, l’Assemblée nationale s’est retrouvée au centre de deux dossiers brûlants : la lutte contre l’endettement des agriculteurs et la mise en accusation spectaculaire de l’ancien ministre Amadou Mansour Faye. Deux fronts à la fois économiques et politiques, révélateurs des tensions sociales et des exigences de transparence dans la gestion publique.

Endettement paysan : Ibrahima Mbodj monte au front

Nommé le 2 décembre 2024 à la tête de la Commission du développement rural, le député Ibrahima Mbodj n’a pas attendu pour agir. Confronté à l’urgence de la saison de culture du riz dans la vallée du fleuve Sénégal, il s’est aussitôt attaqué au fléau de l’endettement paysan. Une situation, selon lui, héritée d’une « mauvaise politique agricole » et d’un système bancaire trop rigide, avec des taux d’intérêt insoutenables atteignant 12%.

Grâce à un plaidoyer vigoureux au sein de l’hémicycle, un changement de paradigme semble en cours : l’État pourrait désormais assumer une plus grande part des taux d’intérêt. Bien que la mesure ne soit pas encore effective, elle marque une avancée significative pour des milliers de petits producteurs.

Amadou Mansour Faye conteste vigoureusement sa mise en accusation

Parallèlement, l’affaire impliquant l’ancien ministre du Développement communautaire, Amadou Mansour Faye, suscite de vifs débats. Accusé par l’Assemblée nationale de détournement de deniers publics, de surfacturation et d’autres infractions économiques dans le cadre du programme d’appuis alimentaires pendant la pandémie de COVID-19, l’ancien ministre dément catégoriquement.

Dans une requête de 15 pages adressée à la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice, sa défense rappelle que Mansour Faye n’avait ni la qualité d’ordonnateur, ni la gestion directe des fonds en question. Elle pointe également les conditions exceptionnelles de passation des marchés durant la pandémie, encadrées par des dérogations officielles, et conteste la validité des prix de référence utilisés pour établir la présumée surfacturation.

Plus encore, la défense insiste sur l’absence de toute implication directe de Faye dans les attributions de marchés, arguant que le processus a été supervisé par des services techniques compétents et validé par le ministère des Finances. Aucun rapport officiel de la Cour des comptes, souligne-t-elle, n’a retenu de responsabilité administrative ou pénale contre lui.

Un contexte politique et judiciaire sous haute tension

La concomitance de ces deux dossiers illustre la pression croissante sur les institutions sénégalaises face à la double exigence : relancer l’économie rurale et garantir la redevabilité publique. Tandis que la Commission développement rural tente de redonner espoir au monde paysan, la justice sénégalaise est attendue au tournant sur la question des détournements présumés.

Qu’il s’agisse du riz des paysans ou de celui des aides d’État, les grains de ce débat sont semés dans un champ hautement politique.

Par la rédaction

 

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