Chantage numérique, vidéos intimes, blanchiment d’argent et faux documents officiels… L’affaire “Kocc Barma” dévoile un système criminel tentaculaire, qui a prospéré pendant huit ans dans le silence numérique. Derrière le pseudonyme sulfureux, un homme, El Hadji Babacar Dioum, fils d’un influent homme d’affaires, vient d’être arrêté. Une enquête explosive qui secoue la société sénégalaise et met à nu les failles béantes de la cybersécurité et de la justice numérique.
Un pseudonyme devenu un cauchemar national
Depuis des années, le nom « Kocc Barma » circulait sur les réseaux sociaux comme un symbole de provocation et de perversion. Sous ce pseudonyme, un site de contenus pornographiques ciblant des Sénégalais anonymes et parfois célèbres semait la terreur. Derrière cette façade : El Hadji Babacar Dioum, 38 ans, arrêté le 17 juillet 2025 à Dakar.
Une mécanique bien huilée
La Division spéciale de lutte contre la cybercriminalité (DSC) a mis la main sur plus de 9 000 fichiers compromettants : vidéos intimes, conversations privées, extraits bancaires et documents d’identité. L’ensemble classé dans des dossiers aux noms explicites : « Paid not to publish », « Newgirl », ou encore « Nouveau dossier 4 ».
Un business honteux mais lucratif
Les gains estimés du réseau s’élèvent à plus de 93 millions de FCFA, obtenus par extorsion et publicités. Des victimes ont versé jusqu’à 6 millions de FCFA pour éviter la publication de leurs vidéos. Le tout orchestré à travers de faux profils, des intermédiaires et des transferts financiers bien organisés.
Victimes, complices et silence social
Parmi les 19 victimes officiellement identifiées figure une jeune fille de 16 ans. Un avocat, un complice financier et une responsable de structure publicitaire sont soupçonnés d’avoir participé activement à cette entreprise criminelle. Pendant ce temps, la société restait silencieuse, entre peur du scandale et banalisation du cybersexisme.
Le matériel saisi : un arsenal du crime numérique
Lors des perquisitions à Sicap Mbao, les enquêteurs ont retrouvé :
- 18 téléphones portables
- Un brouilleur de signal
- Des faux carnets de vaccination
- Une fausse plaque de police
- Un MacBook contenant les données sensibles
Un suspect qui nie en bloc
Face aux charges, El Hadji Babacar Dioum crie au piratage. Il rejette toute responsabilité, prétend avoir été manipulé, et accuse des « ennemis invisibles » de lui avoir tendu un piège. Mais les preuves numériques s’accumulent.
Une affaire qui va faire jurisprudence ?
L’affaire « Kocc Barma » pose des questions profondes :
- Comment un tel système a-t-il pu durer huit ans sans être démantelé ?
- Quelles sont les responsabilités de l’hébergeur du site et des régies publicitaires ?
- La législation sénégalaise est-elle prête à encadrer les crimes numériques à grande échelle ?
Conclusion
L’arrestation de l’homme derrière « Kocc Barma » marque une étape cruciale dans la lutte contre le cyberchantage au Sénégal. Mais cette affaire ne doit pas être un épilogue. Elle doit être le point de départ d’une réforme sérieuse de la législation sur la protection des données, de l’éducation numérique et de la justice face aux crimes en ligne.
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