Le 29 novembre 2024, un point de presse a été tenu par le Comité pour la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, dans la salle de conférence de la Primature. Cette rencontre, présidée par le Professeur Mamadou Diouf, historien et président du comité, a permis de faire un état des lieux des préparatifs de la commémoration, prévue pour le 1er décembre 2024, et de présenter les résultats provisoires d’une mission de recherche effectuée en France.
Un travail de recherche historique en profondeur
Le comité a rappelé que le massacre des tirailleurs sénégalais, survenu à Thiaroye le 1er décembre 1944, est un événement historique majeur, longtemps resté dans l’ombre. Le massacre a fait plusieurs centaines de morts parmi les tirailleurs, des soldats africains qui avaient combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, mais qui ont été tués par l’armée française après des revendications de leur part concernant des promesses de paiement non honorées.
Le Professeur Diouf a précisé que la mission de recherche, qui a duré du 18 au 28 novembre 2024, a permis d’examiner des archives françaises, consultées par des historiens, des documentalistes et des archivistes sénégalais. L’objectif était de découvrir des éléments nouveaux et de vérifier les faits, afin de mieux comprendre les circonstances du massacre et de préparer la commémoration dans les meilleures conditions.
Les résultats provisoires de la mission
Les résultats provisoires de cette mission sont révélateurs. Le comité a dévoilé que le nombre de victimes du massacre, longtemps estimé à 35 à 110, pourrait en réalité se situer dans les centaines. Les historiens ont mis en lumière des contradictions dans les archives officielles françaises de l’époque, qui ont minimisé les pertes humaines. Des éléments nouveaux ont été découverts, et des témoignages inédits font état de l’implication de certains acteurs français dans la répression brutale de ces soldats.
Une approche de réconciliation et de vérité historique
Lors de ce point de presse, le Professeur Diouf a aussi souligné l’importance de la réconciliation historique entre la France et le Sénégal. Il a évoqué les discours contradictoires des autorités françaises, notamment la reconnaissance officielle du massacre dans certains cas, mais aussi l’insistance sur le fait qu’il s’agissait d’une “confrontation”, minimisant ainsi la gravité de l’événement. Cette ambiguïté dans la communication, selon lui, doit être dépassée pour arriver à une véritable reconnaissance du massacre et à une réconciliation entre les peuples concernés.
De plus, le comité a insisté sur l’importance de l’engagement des historiens français dans ce processus de vérité. Pour avancer, les historiens sénégalais et français devront travailler ensemble pour dévoiler toutes les facettes de cet épisode tragique, en mettant en lumière les responsabilités de l’État français et des autorités militaires de l’époque.
La solidarité du peuple français : un point souvent omis
Une autre dimension importante a été ajoutée par les intervenants, notamment concernant le rôle du peuple français pendant cette période. Contrairement à l’attitude officielle de l’État français, une solidarité populaire notable a été mise en évidence. Le peuple français, à travers des actions humanitaires et de protection, a montré un soutien tangible envers les tirailleurs sénégalais, un aspect souvent négligé dans les récits historiques.
Prudence et recherches en cours
Dans les interventions, certains ont souligné la prudence nécessaire face aux résultats provisoires de la mission. Abdoulaye Diallo, un journaliste présent à la conférence, a insisté sur le besoin d’approfondir les recherches, notamment en consultant d’autres archives, y compris celles des États-Unis, qui étaient également présents pendant les événements. Cette démarche est jugée cruciale pour une compréhension complète du massacre et pour établir les responsabilités exactes des différents acteurs impliqués.
Une commémoration pour la vérité et la réconciliation
En conclusion, le comité a réaffirmé que cette commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais ne vise pas seulement à rappeler les souffrances subies par les soldats, mais également à rendre justice à leur mémoire. Le travail des historiens, des archivistes et des documentalistes, ainsi que la collaboration entre le Sénégal et la France, sont essentiels pour aboutir à une vérité historique et permettre une réconciliation durable entre les deux nations.
Les journalistes ont été invités à suivre de près les développements de cette commémoration et à continuer de contribuer à l’éclairage de ce chapitre sombre de l’histoire coloniale.
Share this content: