Conférence de presse de la coalition Takku Wallu : entre dénonciations et contradictions

Samedi 30 novembre 2024, la coalition Takku Wallu a tenu une conférence de presse au siège de l’Alliance pour la République (APR). Cette rencontre, animée par des figures de premier plan comme Me Amadou Sall, Abdou Mbow et Aïssata Tall Sall, a permis de revenir sur les récentes crises et enjeux politiques du Sénégal. À quelques jours de l’installation de la 15e législature, les échanges ont mis en lumière des tensions autour de la justice, de la gestion de l’Assemblée nationale et des tragédies ayant marqué le pays.

Une dénonciation des crises récentes

Me Amadou Sall a ouvert la conférence en critiquant les événements tragiques survenus ces derniers mois :

•L’incendie de la Faculté des Lettres, entraînant la destruction des archives et des biens privés, ainsi que des pertes humaines, notamment deux enfants calcinés.

•Les pillages et saccages ayant touché des services publics et privés, notamment des banques et des maisons.

Cependant, ces tragédies ont soulevé des interrogations. La coalition Takku Wallu, récemment écartée du pouvoir, est directement liée à ces événements survenus durant son magistère. De plus, aucune preuve tangible n’a été fournie concernant certains faits, comme la mort des deux enfants.

Me Sall a également dénoncé ce qu’il qualifie de “justice instrumentalisée”, critiquant l’actuel gouvernement. Pourtant, les lois d’amnistie votées sous leur mandat empêchent aujourd’hui de faire toute la lumière sur certains dossiers, un paradoxe qui alimente les critiques à leur encontre.

Abdou Mbow : le débat sur l’article 86.6 et la loi de finances 2027

L’usage de l’article 86.6 de la Constitution, permettant au gouvernement de faire adopter une loi sans vote parlementaire, a été un point clé abordé par Abdou Mbow. Il a estimé que cette disposition, utilisée pour faire passer la loi de finances 2027, n’était pas nécessaire.

Selon lui :

•Un débat parlementaire approfondi aurait dû être privilégié.

•L’usage répété de cet article pourrait affaiblir les institutions démocratiques et renforcer les tensions politiques.

Mbow a également rappelé l’importance de respecter les délais constitutionnels pour l’adoption des lois de finances, tout en dénonçant une majorité parlementaire écrasante, perçue comme un outil pour contourner les débats démocratiques.

Me Aïssata Tall Sall : La Haute Cour de Justice ne doit pas devenir une arme politique

Lors de la conférence de presse tenue par la coalition Takku Wallu, Me Aïssata Tall Sall, ancienne ministre de la Justice, a mis en garde contre toute tentative de politisation de la Haute Cour de Justice.

Cette institution doit rester un outil au service de l’état de droit, pas une arme pour régler des comptes politiques,” a-t-elle affirmé.

Elle a souligné que la Haute Cour de Justice, chargée de juger les hauts responsables pour des actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, repose sur des principes d’équité et d’impartialité. “Elle est composée de magistrats assermentés qui ont pour mission d’examiner les dossiers avec rigueur, indépendamment des pressions politiques,” a-t-elle rappelé.

Toutefois, Me Aïssata Tall Sall a exprimé ses inquiétudes face à la volonté de la majorité actuelle de l’utiliser de manière abusive. “S’amuser à transformer cet organe en un instrument de vengeance ou de manipulation serait une grave atteinte à notre démocratie,” a-t-elle averti.

Elle a également insisté sur la nécessité pour la classe politique de respecter les principes fondamentaux de l’état de droit et de veiller à ce que les institutions judiciaires demeurent un rempart contre l’arbitraire. “La justice ne doit pas être un terrain de règlement de comptes, mais un espace où les droits de tous sont garantis,” a-t-elle conclu.

Ce plaidoyer pour une justice indépendante reflète les tensions qui entourent l’utilisation des institutions sous le nouveau pouvoir, dans un contexte où les équilibres politiques et judiciaires semblent fragilisés.

Un contexte politique tendu

Cette conférence de presse intervient dans un climat politique marqué par l’installation prochaine de la 15e législature. Le président de la République a signé et publié le décret officialisant cette rentrée parlementaire prévue le lundi 2 décembre.

La coalition Takku Wallu, affaiblie par la perte de sa majorité parlementaire, tente de regagner la confiance des citoyens. Cependant, les critiques qu’elle formule sont parfois entachées par son propre bilan, notamment en ce qui concerne les crises qu’elle dénonce.

Un appel à la stabilité

Alors que le Sénégal s’apprête à tourner une nouvelle page législative, la conférence de presse de Takku Wallu a mis en lumière les défis démocratiques auxquels le pays fait face. Entre paradoxes et enjeux politiques, la stabilité et le respect des institutions doivent rester au cœur des priorités.

Le gouvernement, la nouvelle majorité parlementaire et l’opposition sont attendus sur leur capacité à engager un dialogue constructif pour répondre aux attentes des citoyens sénégalais.

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