CONTRIBUTION Covid-19 : Quand le virus sert de couverture au vol du bien public

Parmi les oubliés du front, les professionnels des médias se battent jour et nuit pour informer. Pendant ce temps, dans l’ombre, certains transforment les fonds de solidarité en butin de guerre.

Au plus fort du couvre-feu, alors que les rues sont désertes et que les sirènes hantent le silence de la nuit, nous, journalistes, techniciens de l’information, caméramans, photographes, risquons tout pour que le peuple reste informé. À chaque reportage, chaque bulletin, nous bravons les barrages, les interdictions, parfois l’indifférence de ceux qui devraient nous soutenir. Nous avons du mal à circuler, à rentrer chez nous. Nous affrontons la peur, l’épuisement, la faim parfois. Parce que c’est notre mission. Parce qu’il faut que les Sénégalais sachent.

Mais pendant que nous luttons, pendant que les malades suffoquent dans les hôpitaux et que les familles enterrent leurs morts sans adieux, d’autres s’enrichissent. Dans l’ombre, des mains sales plongent dans les caisses du fonds de riposte contre le Covid-19. Ce fonds, alimenté par le peuple, destiné aux malades, au système de santé, aux plus vulnérables, est détourné, partagé comme un gâteau de mariage. Des appels d’offres suspects, des surfacturations grotesques, des aides jamais arrivées à destination. La pandémie devient pour certains une opportunité d’investissement personnel.

Quelle ironie tragique : au moment où nous, « sentinelles de la République », mettons notre vie en danger pour que la vérité jaillit, eux, transforment la douleur nationale en festin privé. Ce n’est plus une affaire de détournement, c’est une contagion morale, un « cas communautaire » de corruption.

Dans un pays comme le Sénégal, cette mascarade est un affront à notre démocratie. Elle mérite un autre type de confinement : celui des consciences coupables, de ceux qui trahissent le peuple au nom du peuple. Revenons à l’essentiel. Repartons du point de départ, d’un Sénégal digne, solidaire, honnête. Et éloignons de nos institutions ceux qui utilisent un virus pour nourrir leur fortune sur le dos de notre misère.

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