Le 7 février 2025, la Commission Fédérale Juridique et Disciplinaire (CFJD) de la Fédération Sénégalaise de Basketball (FSBB) a prononcé une suspension de trois mois contre Djiby Fall, coach adjoint de Guédiawaye Basketball Academy (GBA). La sanction est tombée après que ce dernier a exprimé des critiques sur la gestion financière de la fédération, notamment sur son contrat avec la marque Majestee.
Mais derrière cette décision, se pose une question essentielle : s’agit-il d’une sanction justifiée ou d’une tentative d’intimidation face à des critiques légitimes ?
Un commentaire qui dérange la FSBB
Tout a commencé avec une publication de Djiby Fall sur les réseaux sociaux, dans laquelle il dénonçait un manque de transparence financière de la fédération. Il y critiquait ouvertement le fait que la FSBB ait communiqué sur la somme due à la joueuse Sabou Gueye, tout en gardant secret le montant du contrat signé avec l’équipementier Majestee.
“Vous refusez de communiquer sur le montant que la marque Majestee vous a remis mais en retour vous acceptez de dire tout haut la somme que doit recevoir la joueuse Sabou Gueye. C’est malhonnête ! La somme qui mérite d’être connue de tous reste le contrat avec l’équipementier.”
— Djiby Fall, via son compte @djibyfall8635
Ce commentaire soulève une question légitime : pourquoi la FSBB serait-elle plus transparente sur les dettes qu’elle doit à une joueuse que sur l’argent qu’elle reçoit d’un partenaire commercial ?
Un cadre réglementaire utilisé pour faire taire une voix discordante ?
Convoqué par la CFJD, Djiby Fall a assumé ses déclarations, estimant qu’il exprimait simplement son opinion personnelle en tant que technicien licencié de la FSBB, tout en défendant sa liberté d’expression.
Mais la fédération, dans sa décision, a affirmé que ces propos constituaient une atteinte à son autorité et à celle de son président. Elle a justifié la sanction en s’appuyant sur l’article 71 alinéa 13 des règlements généraux (RG), qui interdit les attaques contre l’institution et ses dirigeants.
“Les règles et principes de la FSBB ne peuvent s’accommoder d’attaques désobligeantes contre elle et son Président.”
— Extrait de la décision de la CFJD
Ainsi, la commission a décidé de suspendre Djiby Fall de toutes les activités fédérales pour une durée de trois mois, un verdict qui semble sévère pour de simples critiques publiques.
Une FSBB en pleine crise de crédibilité
Ce n’est pas la première fois que la FSBB est pointée du doigt pour des problèmes de gouvernance et de transparence. Ces dernières années, plusieurs acteurs du basketball sénégalais ont dénoncé :
• Le manque de clarté dans les financements et les partenariats, notamment avec les équipementiers.
• Des décisions disciplinaires souvent perçues comme arbitraires et visant à museler les critiques.
• Une gestion opaque des primes et salaires des joueurs et joueuses, entraînant des tensions récurrentes.
Le cas Djiby Fall illustre une culture de la censure au sein de l’institution, où la critique est perçue comme une menace plutôt que comme un élément constructif.
Une sanction qui pourrait se retourner contre la FSBB
En suspendant Djiby Fall, la Fédération Sénégalaise de Basketball prend un risque : celui d’attiser la contestation au lieu de la calmer. L’affaire suscite déjà un vif débat au sein de la communauté du basketball sénégalais, où beaucoup estiment que cette sanction est disproportionnée et vise uniquement à faire taire une voix gênante.
D’un point de vue juridique, cette décision pourrait même être contestée si Djiby Fall décidait d’engager des recours auprès du Comité National Olympique et Sportif Sénégalais (CNOSS) ou d’autres instances indépendantes.
La FSBB pourra-t-elle maintenir sa position sans provoquer une crise plus large ? Le combat pour plus de transparence dans la gestion du basketball sénégalais va-t-il s’intensifier ?
Seul l’avenir nous le dira.
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