Aujourd’hui, notre métier de journaliste est de plus en plus utilisé comme un simple bouclier par ceux qui n’ont aucune légitimité à le revendiquer. Trop de personnes, souvent sans formation ni expérience, se présentent sous l’étiquette de journaliste, dévalorisant ainsi une profession qui mérite respect et considération. Malheureusement, cette usurpation persiste sans que les véritables causes soient abordées.
Un Système Qui Marginalise les Journalistes Formés
Avant de critiquer les autres, il faut d’abord balayer devant notre porte. Trop souvent, ceux qui ont fait le choix d’apprendre le métier, qui ont pris le temps de se former et d’obtenir un diplôme, sont mis de côté. Les patrons de presse semblent préférer les profils moins qualifiés, souvent plus dociles et moins exigeants en matière de qualité. Cela conduit à une situation paradoxale où les journalistes dignes de ce nom se retrouvent marginalisés, incapables de trouver une place dans un paysage médiatique qui favorise l’opportunisme.
La Prolifération des “Racailles” sur le Terrain
Sur le terrain, le phénomène des “racailles” prend de l’ampleur. Ces individus, qui se présentent comme journalistes sans en avoir ni la formation ni l’expérience, envahissent les événements, attirés par les perdiems. Ils côtoient les vrais professionnels, récupèrent leurs contacts, et n’hésitent pas à s’approprier des identités dès que l’occasion se présente. Ces imposteurs, qui ne sont rattachés à aucun média réel, font du tort à notre métier, ternissant la réputation des journalistes engagés et professionnels.
Être Journaliste au Sénégal : Un Métier Sous-Payé et Méprisé
Le journalisme au Sénégal est une profession qui, malheureusement, rime souvent avec pauvreté. Malgré l’importance de notre rôle dans la société, nous sommes parmi les moins bien payés du pays, un comble pour une profession aussi essentielle. La “teranga”, cette hospitalité sénégalaise si souvent vantée, semble s’arrêter aux portes de nos rédactions, laissant les journalistes se débattre avec des salaires indécents et des conditions de travail précaires.
La Division au Sein de la Profession : Un Handicap Majeur
À cela s’ajoute une division interne préoccupante. Le secteur du journalisme est fragmenté en plusieurs mouvements et organisations de régulation, incapables de s’unir pour défendre efficacement notre profession. Trop souvent, les conflits internes prennent le dessus, rendant la régulation inefficace et les décisions souvent superficielles.
L’Exclusion des Jeunes Journalistes : Un Gâchis de Talents
Pour les jeunes journalistes, le constat est encore plus amer. Les postes et opportunités sont monopolisés par les anciens, les animateurs recyclés, et les figures choisies pour des raisons de visibilité plutôt que pour leurs compétences. Nous sommes nombreux, jeunes et dynamiques, à vouloir faire nos preuves et apporter un regard neuf sur notre société, mais les portes restent désespérément fermées.
Un Appel à la Reconnaissance et à la Valorisation du Journalisme
Il est temps de remettre en question ces pratiques et de revendiquer la dignité de notre métier. Le journalisme est un pilier de la démocratie, une profession qui mérite respect et reconnaissance. Nous devons valoriser ceux qui ont fait l’effort d’apprendre, de se former, et qui continuent de croire en la mission essentielle du journaliste : informer avec rigueur et honnêteté.
Pour y arriver, il est impératif de renforcer la formation, de privilégier les journalistes diplômés et engagés, et de lutter fermement contre l’usurpation d’identité qui gangrène notre profession. Enfin, nous devons unir nos forces, dépasser nos divisions, et exiger des conditions de travail dignes de notre rôle dans la société. Car, en fin de compte, le temps est le meilleur des juges, et seule la persévérance des journalistes passionnés finira par rétablir la véritable valeur de notre métier.
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