Dans LESS WAXUL , le réalisateur sénégalais Yoro Mbaye a mis en lumière les tensions sociales et familiales au cœur d’un village sénégalais. À travers une intrigue simple mais poignante, il explore des thématiques universelles telles que les inégalités sociales et l’entrepreneuriat féminin, tout en questionnant notre rapport à la modernité et aux traditions.
Entretien avec Yoro MBAYE, réalisateur de LESS WAXUL
Né en 1992 à Ndiob (Sénégal). Diplômé en droit des affaires, Yoro Mbaye se consacre au cinéma depuis 2015 en tant que scénariste et réalisateur. Membre actif de l’association Ciné Banlieue, il explore les réalités sociales à travers des récits engagés.
Comment est née l’idée de LESS WAXUL ?
Yoro MBAYE :
LESS WAXUL est profondément enraciné dans mes souvenirs d’enfance et dans les réalités sociales de mon village. En grandissant, j’ai observé les inégalités qui façonnent nos communautés, notamment à travers des gestes simples, comme consommer du pain. Ce film est parti de cette observation : dans un monde où le pain est une denrée symbolique et essentielle, pourquoi certains doivent-ils se contenter de miettes ou de restes ? Cela m’a poussé à réfléchir aux tensions entre traditions, survie économique et aspirations modernes.
Le film traite également de l’entrepreneuriat féminin. Pourquoi ce choix ?
Yoro MBAYE :
Le personnage de la belle-sœur d’Ousseynou incarne cette envie de changer les choses dans une société patriarcale. Elle veut non seulement entreprendre, mais aussi restaurer une certaine dignité pour les villageois. C’est un sujet universel, mais au Sénégal, ces problématiques sont particulièrement marquées. À travers son combat, je voulais montrer les défis auxquels les femmes font face lorsqu’elles osent sortir des cadres imposés.
Quel rôle joue le pain dans l’histoire ?
Yoro MBAYE :
Le pain est un prétexte, un symbole. Ce n’est pas seulement une denrée alimentaire, mais un marqueur social et historique. Introduit par le colonialisme, il est devenu un aliment central, bien qu’il ne soit pas enraciné dans nos cultures. En choisissant ce thème, je voulais parler de dépendance, d’inégalités et de résilience.
Comment décririez-vous LESS WAXUL ?
Yoro MBAYE :
C’est un portrait du Sénégal, où des conflits personnels et sociaux reflètent des problématiques plus larges. Le film explore les tensions entre modernité et tradition, entre ambitions personnelles et attentes familiales. Il invite le spectateur à réfléchir sans pour autant imposer une morale ou un point de vue.
Quels défis avez-vous rencontrés en réalisant ce film ?
Yoro MBAYE :
Comme pour tout projet indépendant, les défis financiers étaient nombreux. Mais avec une équipe passionnée et des partenaires solides, nous avons pu mener ce projet à bien. J’ai également voulu soigner l’authenticité, en tournant dans des décors naturels et en travaillant avec des acteurs qui comprenaient la profondeur des personnages.
Quelle a été la réaction du public jusqu’à présent ?
Yoro MBAYE :
Les retours sont encourageants. Le film a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux et a remporté des prix, ce qui montre que ces problématiques résonnent au-delà des frontières. Mais pour moi, le moment le plus important reste sa présentation au public sénégalais.
Quels sont vos projets à venir ?
Yoro MBAYE :
Je travaille actuellement sur le financement d’un long métrage, une sorte d’extension de l’univers de LESS WAXUL. En parallèle, je continue d’explorer les possibilités offertes par la coproduction internationale pour raconter des histoires qui reflètent nos réalités tout en ayant une portée universelle.
Un mot de la fin ?
Yoro MBAYE :
Merci à tous ceux qui soutiennent le cinéma indépendant. Chaque film est une aventure collective, et je suis reconnaissant envers mon équipe et mes partenaires. J’espère que LESS WAXUL continuera à faire réfléchir et à émouvoir.
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