À l’occasion du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, Ousmane Sonko, leader de Pastef-Les-Patriotes, et Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, jouent un rôle stratégique clé dans la redéfinition de cet épisode douloureux de l’histoire coloniale. Avec une approche combinée de fermeté et de compromis, ces deux figures de proue adoptent une tactique du “bâton et de la carotte”, visant à imposer une nouvelle vision de la mémoire historique tout en cherchant à ouvrir la voie à une coopération plus équilibrée avec la France.

Ousmane Sonko : Le Bâton de la Contestation et de la Vigilance

Ousmane Sonko, par sa critique acerbe de la reconnaissance symbolique de la France concernant les soldats de Thiaroye, incarne la stratégie du “bâton”. En dénonçant l’attribution de l’étiquette « morts pour la France » à seulement six soldats, Sonko exprime fermement son rejet de ce qu’il considère comme un geste insuffisant et partial. Pour lui, cette reconnaissance ne doit pas être un simple pardon symbolique, mais un premier pas vers une vérité entière et des réparations concrètes. Sonko interroge la sincérité de la France, soulignant que la reconnaissance posthume de ces soldats, bien que bienvenue, arrive trop tardivement et ne reflète pas la réalité du massacre.

Par ses attaques, il veut rappeler à la France que l’histoire de Thiaroye ne peut plus être racontée de manière unilatérale. Il exige que le Sénégal soit acteur de sa propre mémoire historique, sans l’influence d’un pouvoir colonisateur. Ainsi, en secouant les consciences, Sonko pousse la France à aller plus loin dans ses actes, exigeant une reconnaissance totale des crimes et des réparations adaptées.

Bassirou Diomaye Faye : La Carotte de la Diplomatie et de la Souveraineté

En revanche, Bassirou Diomaye Faye adopte une approche plus diplomatique, combinant fermeté et ouverture, dans sa stratégie du “bâton et de la carotte”. Tout en affirmant haut et fort la souveraineté du Sénégal, le président Diomaye Faye cherche à maintenir un dialogue constructif avec la France. Lors de son entretien avec les médias français, il a réaffirmé sa position ferme sur la question des bases militaires françaises au Sénégal, soulignant que la souveraineté nationale est non négociable. Pour lui, ce qui est inconcevable pour la France ne doit pas l’être pour le Sénégal, et cette question reste une priorité absolue pour son gouvernement.

Cependant, Diomaye Faye a également montré une volonté d’apaisement en soulignant la reconnaissance, par Emmanuel Macron, du massacre de Thiaroye. Cette reconnaissance, bien qu’incomplète, est perçue par le président sénégalais comme un geste positif qui pourrait servir de base à une ouverture du dialogue et à une collaboration future. Il considère cette lettre comme une première étape vers la manifestation de la vérité, ouvrant ainsi la voie à des réparations plus substantielles. Par cette approche, Diomaye Faye souhaite à la fois maintenir la pression sur la France tout en ouvrant la porte à des discussions constructives.

Une Stratégie d’Influence Bâton-Carotte

En combinant fermeté et diplomatie, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye appliquent une stratégie d’influence subtile qui mise sur deux leviers complémentaires. D’un côté, Sonko, en utilisant la critique acerbe, crée un climat de pression sur la France, l’incitant à aller plus loin que des gestes symboliques. De l’autre, Diomaye Faye, par sa diplomatie et ses déclarations mesurées, cherche à exploiter les ouvertures offertes par la reconnaissance de la France tout en maintenant une posture intransigeante sur la souveraineté nationale.

Le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye devient ainsi un moment crucial où le Sénégal, par l’entremise de ces deux figures politiques, réclame non seulement la reconnaissance de la France, mais aussi la réparation des injustices. Avec cette stratégie habile du “bâton et de la carotte”, Sonko et Diomaye Faye espèrent à la fois obtenir des avancées significatives tout en préservant la dignité et la souveraineté du Sénégal.

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