0 3 minutes 4 semaines

Dakar, 5 mai 2025 – Le rapport ITIE 2014 sur le secteur extractif sénégalais, censé refléter un engagement vers la transparence, révèle en creux une réalité plus troublante : celle d’un système où des incohérences financières, une opacité sur les propriétaires d’entreprises, et une redistribution inéquitable des revenus soulèvent de graves questions sur la gouvernance des ressources naturelles du pays.

Des écarts qui dérangent

Alors que l’État du Sénégal déclare avoir perçu 117 milliards de FCFA en 2014 issus du secteur extractif, le rapport met en évidence des écarts inexpliqués entre les déclarations des entreprises et les chiffres communiqués par le Trésor. Ces disparités traduisent un manque de rigueur dans le suivi des flux financiers, voire des failles exploitables par des intérêts privés ou des agents complices.

Propriétaires fantômes, responsabilités diluées

Autre point noir : le flou sur les bénéficiaires effectifs de plusieurs sociétés opérant dans le secteur. L’absence de publication des noms des propriétaires réels empêche tout contrôle citoyen et nourrit les soupçons d’évasion fiscale et de corruption transnationale.

Des contrats verrouillés, hors de la portée du public

Malgré les engagements du Sénégal à l’ITIE, plusieurs contrats signés avec des multinationales n’ont jamais été rendus publics ou restent partiellement inaccessibles. Ces documents, pourtant cruciaux, sont gardés sous scellés, renforçant le climat d’opacité.

Les populations locales oubliées

Dans les régions proches des sites d’extraction, comme Kédougou ou Matam, le rapport montre que les retombées économiques restent dérisoires pour les communautés. Pas ou peu d’investissements sociaux, et des fonds locaux mal suivis.

Gouvernance faible, silence politique

Le rapport épingle enfin la gestion interne de Petrosen pour son manque de transparence. Pourtant, aucune mesure corrective concrète n’a été annoncée par les autorités, laissant craindre un silence complice.

Un signal d’alarme pour 2025

À l’heure où le Sénégal s’apprête à exploiter ses premières ressources pétrolières à grande échelle, le rapport ITIE 2014 est un signal d’alerte. Il pose une question fondamentale : à qui profite réellement la richesse du sous-sol sénégalais ?

La réponse dépendra de la volonté politique à instaurer des mécanismes de transparence, au risque de voir les promesses du développement sombrer dans le piège de la rente opaque.

 

Share this content:

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *